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QuatreВ mots
Anatole Velitchko


Le livre comprend soixante-dix poèmes écrits en septembre, octobre et novembre 2019 selon la méthode des «quatre mots» du poète et pédagogue américain Sandford Lyne. Conçu comme un exercice formel, le cycle est devenu une épopée de la vie. Années de jeunesse et celles d’âge mûr; villes et pays proches et lointains; parents, enfants, connaissances et observations; événements tragiques et heureux; désespoir et amour.





QuatreВ mots



Anatole Velitchko



Illustrator Natalie Fridberg-Sokolova



© Anatole Velitchko, 2021

© Natalie Fridberg-Sokolova, illustrations, 2021



ISBNВ 978-5-0055-5990-6

Created with Ridero smart publishing system


ГЂ Inga et Kirill, premiers lecteurs de ce livre




Avant-proposВ I


Ce livre contient des poèmes écrits durant l’automne 2019. En fait, à ce moment-là j’ai voulu écrire de la poésie d’une manière différente. Les poèmes que j’avais écrits jusque-là, inspirés d’Homère ou de Cavafy, ne suscitaient aucune émotion chez mes lecteurs. Je publiais ces poèmes sur mon blog ou les envoyais à mes amis. Les amis répondaient poliment qu’ils avaient besoin de relire le texte pour le comprendre.



Alors j’ai décidé de prendre une direction opposée. J’ai commencé à lire de la poésie américaine contemporaine. Cette poésie est très attachée aux objets qui nous entourent, à la terre, aux gens, à la vie quotidienne, à la famille, aux souvenirs, à l’enfance. En revanche, on n’y citera pas plus que cela Pindare ou Sophocle. J’ai trouvé cette approche inspirante.



Sitôt dit, sitôt fait. J’ai acheté le tutoriel « Comment écrire de la poésie  » du poète Sandford Lyne[1 - Lyne, Sandford. Writing Poetry from the Inside Out: Finding Your Voice Through the Craft of Poetry. Sourcebooks, Inc., Naperville, Illinois, 2007]. Un des exercices consistait à prendre quatre mots aléatoires, puis à écrire un poème à partir de ces quatre mots.



Une condition était que les quatre mots soient présents dans le poème sous n’importe quelle forme et dans n’importe quelle acception. Une autre condition était : ni rime, ni mètre. L’auteur du tutoriel préconisait d’écrire en vers libres avec une composition de lignes et de strophes variée.



Tous les jours pendant deux mois et demi, j’ai fait l’exercice de quatre mots. Il en est sorti environ soixante-dix poèmes.



Un beau jour, à l’été 2020, lors de la pandémie, nous chattions de tout et de rien avec mon fils Kirill. Entre autres, il me demanda si j’avais écrit récemment quelque chose de nouveau.



« Non, je réponds, mais puisque tu me le demandes, je me souviens que j’ai écrit soixante-dix poèmes en vers libres l’automne dernier. »



« Soixante-dix poèmes ?! Et tu ne m’en as rien dit ?! s’étonne-t-il.



– J’avais réellement oublié, dis-je. Mais si tu veux, je pourrais te les envoyer, d’autant plus qu’il y a pas mal de poèmes qui parlent de toi. »



Mon fils a lu les poèmes et ils ont produit sur lui une forte impression. C’est comme si j’avais vécu ta vie, m’a-t-il dit le lendemain.



J’en parle à Inga. Elle réagit : « Mais pourrais-tu me donner aussi tes poèmes? – Bien sûr. »



Deux heures plus tard elle me déclare: « Kirill a raison. C’est un roman de la vie, c’est un livre tout prêt. »



J’ai été étonné par l’effet produit par ces lectures, mais je ne pouvais douter de la sincérité des paroles de ma femme et de mon fils.



Voici le livre tout prГЄt.



В В В В 11В avril 2021, Fontenay-sous-Bois




Avant-proposВ II


Le domaine de recherche de mon père était la reconnaissance automatique de la parole. La coopération scientifique internationale était bien en marche et il arrivait souvent que des chercheurs de l’étranger viennent à la cité académique de Novossibirsk pour un colloque ou un stage. Ainsi, mon père travaillait avec des Allemands, des Suédois, des Japonais – mais avant tout avec des Français. Pour ne pas être limité au seul usage de l’anglais dans ses échanges, papa se mit à apprendre la langue de Descartes.



Il se procura des enregistrements du célèbre cours de Gaston Mauger et commença à répéter des phrases après les voix masculines et féminines aux modulations soignées de jadis : « Est-ce un crayon? – Non, ce n’est pas un crayon. C’est une serviette. » Ou encore: « Voici le visage de Pierre Vincent. Il n’est ni beau ni laid. Pierre a une grande bouche, des oreilles larges, un front haut, un nez pointu. – A-t-il aussi une langue ? – Mais oui ! Elle est dans sa bouche. » Voire: « Maman ! Notre chat partira-t-il à Paris avec nous ? – Hélène ! Tu es trop bavarde. »



J’avais onze ans et je rôdais autour brûlant de curiosité. Mon père ne tarda pas à m’inviter à le rejoindre sur son canapé marron à côté de l’imposant magnétophone à bobines « Dnipro ». Il fallut reprendre le cours dès le début, et nous répétâmes l’un après l’autre : « C’est un livre. C’est un calendrier. C’est une horloge. Ce stylo est-il noir ? – Non, il est bleu. »



Lorsque, plusieurs années après, je venais dans mon premier pays francophone – ce fut la Belgique – mes interlocuteurs parurent amusés. Il s’avéra que je parlais ce français des années cinquante que j’avais appris d’abord dans Mauger, puis dans Jean-Paul Sartre. Je connaissais le mot rectangulaire, mais pas le mot voiture : je disais auto.



Malgré quelques progrès faits depuis, il va de soi que j’ai eu besoin de faire relire ma traduction en français de ce recueil de poèmes. À cet effet, j’ai envoyé le manuscrit à mes connaissances françaises et belges qui m’ont fait un retour précieux et pertinent. Je tiens à remercier chaleureusement Renato Bazzarini, Jacques Delcourt, Guillaume Dubach, Véronique Mischke et Paul Schwander pour leur relecture attentive et bienveillante.



Par ailleurs, il m’a paru utile d’ajouter, pour l’édition française, quelques notes de bas de page concernant des personnages ou réalités d’une époque et d’une contrée lointaines.



Il existe une heureuse tradition en Belgique et en France, celle de collaboration entre poète et artiste. Cette création commune acquiert une signification toute particulière lorsque l’artiste est elle-même un des personnages du recueil de poèmes. Les illustrations de Natalie Fridberg (Sokolova) ont été remaniées avec soin pour cette édition. La jonction de ces dessins et aquarelles avec la poésie devient, comme disait Séféris, une invisible rencontre des courants chauds sous la glace des mers.



В В В В Anatole Velitchko
В В В В 9В octobre 2021, Fontenay-sous-Bois



Quatre mots seulement

В В В В Corneille




mГЁre piГЁce rideau grand-pГЁre


Ma mère m’amenait parfois chez mon grand-père.
L’appartement où il vivait avec ma grand-mère
Г‰tait angulaire : une fenГЄtre donnait sur laВ cour
Et l’autre, sur les berges de la rivière,
Ou, plus prГ©cisГ©ment, de la mer artificielle
En amont du barrage hydroГ©lectrique.

Les rideaux de l’appartement
Г‰veillaient ma curiositГ©.
Ils Г©taient complГЁtement passГ©s deВ mode
MГЄme en ces temps-lГ В :
TricotГ©s de fil blanc,
Avec des bordures Г  franges.

Mon grand-pГЁre Г©tait austГЁre,
Mais parfois il me gГўtait
En me donnant quelques piГЁces de monnaie
Pour une crГЁme glacГ©e et un soda.

Les valeurs des piГЁces
En ces jours Г©taient curieusesВ :
Un, deux, trois,
Cinq, dix, quinze,
Vingt et cinquante kopecks.
Cette suite Г©tait couronnГ©e
Par la plus grosse piГЁce
Qu’on appelait « rouble de fer ».

Le soir, ma grand-mГЁre me couchait
Sur un matelasВ dur Г  mГЄme leВ sol.

« Prends l’habitude, tu seras soldat ! me disait-elle. »

J’avais du mal à m’endormir
Dans ces conditions
Et longtemps je suivais desВ yeux
Les lumiГЁres des autos
Qui tournaient devant le barrage
Avec un bruit propre Г  cette Г©poque-lГ 
Et les images difformes des rideaux tricotГ©s
Qui couraient le long des murs et du plafond.

В В В В 19В septembreВ 2019








plis feuilles froid campagne


En Sibérie la fin de l’automne tombe en octobre.
Il neige souvent le jour de mon anniversaire.
Ce n’est pas encore de la neige permanente,
Elle fondra.
Mais aujourd’hui les plis des feuilles mortes
Sont remplis de cristaux blancs.

Je marche sur les feuilles.
Elles craquent sous mes bottes en caoutchouc,
Et je rГ©flГ©chis distraitement
Qui de mes camarades de classe
Viendra me rendre visite ce soir,
Et puis je pense
Comme il doit faire bon par ce temps
D’être à la campagne.

Je n’ai jamais vécu dans un vrai village.
Je me l’imagine
D’après les poèmes de Sergueï Essenine[2 - Sergueï Essenine (1895 – 1925) – poète russe, chantre de la vie rurale. Sa poésie au lyrisme sublime et aux métaphores osées est largement connue et appréciée même en dehors des milieux littéraires ; elle fait partie des programmes scolaires en Russie. Son destin fut tragique : ayant sombré dans l’alcoolisme et sévèrement critiqué dans la presse, Sergueï Essenine se suicida à l’âge de trente ans.]
Ou les nouvelles de Vassili Choukchine[3 - Vassili Choukchine (1929 – 1974) – écrivain, acteur et réalisateur de cinéma russe, originaire d’un petit village en Sibérie occidentale. Outre ses remarquables réalisations cinématographiques, il est connu comme l’auteur de nombreux récits et nouvelles décrivant la vie des paysans sibériens dans les années 1950 et 60, l’exode rural, l’adaptation difficile à l’existence dans une grande ville. Ses œuvres sont imprégnées d’une profonde humanité et présentent un large panneau de personnages et situations. Vassili Choukchine jouit d’un véritable culte en Russie, et plus particulièrement en Sibérie.].
Mais j’aimerais tellement qu’il y ait un village
Avec ses huttes, ses clГґtures,
Avec l’or des bouleaux et des trembles
Sur les berges d’une rivière ou d’un étang
Un jour neigeux d’octobre.
Ce serait ma fГЄte secrГЁte.

В В В В 20В septembreВ 2019








crГ©puscule cЕ“ur froid argent


Ce fut un crépuscule d’hiver.
Mon cЕ“ur bondissait de joieВ :
Natacha, la fille dont j’étais amoureux,
S’était inscrite aux cours de tennis.
Les cours se passaient leВ soir
Et elle m’avait autorisé à la raccompagner
Jusqu’à l’entrée de son immeuble.

Je vins en avance et je l’attendis dans le froid.
Lors de cette attente, je ne voyais rien autour deВ moi,
Fixant la porte du gymnase.

Mais quand enfin elle sortit,
Tout devint d’un coup argenté :
Et les monceaux de neige
Et les rГ©verbГЁres
Et la lГ©gГЁre vapeur de son souffle
Et le motif brodГ© de ses mitaines en laine
Avec lesquelles elle protГ©geait le visage
De telle façon qu’on ne pouvait voir
Que sesВ yeux
Avec des cils noirs bordés d’argent.

В В В В 21В septembreВ 2019








mains ciel lacet pleuvoir


Début de l’automne.
Les mains de ma fille de trois ans sont froides.
Le ciel est bleu, même s’il vient de pleuvoir avec force :
En SibГ©rie le temps change brusquement.
Je renoue le lacet de la petite bottine de ma fille.
Je n’ai encore aucune idée de ce que me réserve l’avenir.

В В В В 22В septembreВ 2019








peinture vestibule libelluleВ voix


J’étais sorti de l’hôpital psychiatrique
Au milieu de l’hiver sibérien
Avec ses gelГ©es impitoyables.
J’avais vingt ans.
Mon histoire Г©tait un mГ©lange
D’éléments divers : mon incapacité
À faire face aux problèmes de l’âge adulte,
DГ©pression et surmenage au travail.
S’y rajoutaient certaines circonstances politiques
De cette Г©poque difficile.

Après m’avoir libéré, on m’enjoignit
De me prГ©senter au dispensaire de la ville
Afin de recevoir
Une assistance mГ©dicale supplГ©mentaire.

Le vestibule du dispensaire Г©tait dГ©corГ©
D’une peinture murale : lac aux libellules.
La couleur du lac Г©tait verte, apaisante.
La tension nerveuse m’abandonna peu à peu.

La jeune femme mГ©decin au cabinet
Feuilleta mon dossier mГ©dical
Et fronça ses sourcils noirs.

В« Je ne comprends pas, dit-elle
D’une voix mélodique et grave,
Pourquoi vous ont-ils prescrit tout cela,
Ces mГ©dicaments puissants aux effets incertains ?
J’ai pourtant l’impression
Que vous ГЄtes un jeune homme
Parfaitement normal. Vous souffrez juste
De surmenage et de stress.
Tout ce dont vous avez besoin
C’est d’une bonne psychothérapie.
Voici les coordonnées du thérapeute à l’université.
Allez le voir. В»

Je remerciai la jeune femme
Et descendis dans leВ hall aux libellules.
Ce furent les premiГЁres paroles
D’humanité et de compassion
Qui m’eussent été adressées
Depuis si longtemps.

В В В В 23В septembreВ 2019








insectes porte étang d’où


Au centre de loisirs
La porte du sauna donnait directement
Sur la jetГ©e en planches deВ bois
D’où l’on pouvait sauter tout nu
Dans l’eau fraîche de l’étang.

Seuls les insectes pouvaientВ voir
La beauté d’un jeune corps.
Mais sommes-nous en mesure d’imaginer
Ce que voient les insectes
Et ce qu’est pour eux la beauté ?

Le sauna Г©tait de type finlandaisВ :
Vapeur sГЁche et tempГ©rature qui pouvait atteindre
Jusqu’à cent quatre-vingts degrés.
Une vraie fournaise.

Avant d’y entrer
J’enlevai tous mes vêtements.
Une seule chose que je ne voulus pas ГґterВ :
Ma croix de baptГЄme en aluminium,
Suspendue Г  mon cou par un cordon.

Je m’assis sur le banc du sauna.
Le thermomГЁtre indiquait cent quarante.
Quand je me levais pour courir me jeter dans l’étang,
La croix en métal se balança
Puis se colla du cГґtГ© gauche de ma poitrine
Laissant une brГ»lure.

В В В В 24В septembreВ 2019








brosse chuchoter visage vГ©ritГ©


Lors de mon premier mariage
Ma femme
(Nous Г©tions tous les deux trГЁs jeunes)
Me chuchota un jour à l’oreille
Que je pourrais mettre
Moins de dentifrice sur ma brosse Г  dents.

Mon visage rougit.
Je ressentis un vif sentiment d’humiliation.
C’était la pure vérité
Que j’avais une propension à la prodigalité.
Mais le dentifrice ! la brosse !
Et en plus, c’était moi qui ramenais l’argent à la maison.

Évidemment, nous n’avons pas divorcé
Pour des choses aussi futiles.
Pour notre sГ©paration nous avions des raisons
Bien plus graves et profondes.

В В В В 26В septembreВ 2019








gloire arrГЄt silence lumiГЁre


Sur l’avenue de la Gloire
Qui traverse les quartiers rГ©sidentiels
ГЂ la pГ©riphГ©rie de Saint-PГ©tersbourg
Il y avait un arrГЄt du bus NВ°116.

Derrière s’étendait un grand terrain vague
Ceint d’un mur de béton
ГЂ moitiГ© Г©croulГ©
Sur lequel figurait un graffiti
En Г©normes lettres rougesВ :
«Gang d’Eltsine[4 - Boris Eltsine (1931 – 2007) – homme politique russe, dirigeant de la Fédération de Russie de 1990 à 1999. Un des artisans de la dislocation de l’URSS à la fin 1991, perçue comme catastrophe nationale par de larges pans du peuple russe. Eltsine et ses gouvernements successifs faisaient souvent l’objet de haine populaire et de virulentes critiques de l’opposition parlementaire. Les députés du Parti communiste lui avaient notamment intenté un procès en vue de sa destitution, sans succès. Les « années Eltsine» sont restées dans la mémoire collective comme celles d’une paupérisation soudaine et brutale de toutes les classes sociales au profit d’un groupe émergeant d’oligarques et comme celles d’une humiliation sans précédent de la Russie.] au tribunal!»

Par un clair matin d’été
Je restais lГ  en attendant leВ bus.
Il n’y avait personne autour —
Seulement silence et lumiГЁre.

В В В В 27В septembreВ 2019








table papillon nuage poГЁme


Depuis déjà quelque temps, j’écrivais
De la poГ©sie rimГ©e en langue russe.
Chaque jour, rentrant de l’école,
Je m’asseyais à mon bureau,
Sortais d’une pile de papier à lettres
PrГ©vue Г  cet effet, une feuille
Et me mettais Г  composer un poГЁme.

C’étaient les meilleurs moments
De ma jeuneВ vie.
Rien ne pourrait ГЄtre comparГ©
À l’état dans lequel j’étais plongé
Lors de cette crГ©ation poГ©tique.

Un soir au tout début de l’automne
Je ressentis une poussée d’inspiration
ParticuliГЁrement intense.
Une sorte d’envol musical
Se produisit enВ moi.
Je m’assis à la table, attrapai un crayon
Et presque sans ratures ni corrections
D’un trait j’écrivis un poème
AВ propos duquel
Je rГ©alisai tout de suiteВ :
C’est mon chef-d’œuvre, c’est
Le meilleur que j’ai écrit jusque-là.

ГЂ la maison, tout le monde dormait.
Je me faufilai dans la cuisine
Et dГ©robai une cigarette
Dans le tiroir de ma grand-mГЁre.
Maintenant je suis un vrai poГЁte
Comme Maïakovski[5 - Vladimir Maïakovski (1893 – 1930) – poète russe résolument avant-gardiste et futuriste à ses débuts, il devient ardent partisan de la révolution socialiste de Lénine. Anti-bourgeois, il critique avec véhémence les vestiges de l’ancien régime dans la mentalité des citoyens, ainsi que la politique des puissances capitalistes. Pourtant, à la fin des années 1920, il vit une crise existentielle qui le conduit au suicide à l’âge de 36 ans. Staline toutefois parle de lui comme du « meilleur poète de l’époque », et ainsi Maïakovski devient pour les générations à venir le poète emblématique de la révolution. Son œuvre est abondamment étudiée à l’école.] ou Mandelstam[6 - Ossip Mandelstam (1891 – 1938) – un des poètes russes les plus significatifs du 20


siècle, il fait ses débuts au groupe « acméiste » des poètes pétersbourgeois. Langage poétique recherché, vaste horizon culturel, émotions vives et complexes de ses poèmes font de lui une figure de premier plan. Pourtant, après la révolution d’Octobre 1917, il est de plus en plus marginalisé. Dans les années 1930, ses opinions politiques subissent de brusques métamorphoses. De sa haine viscérale envers Staline, il passe à l’adhésion sans réserve au culte de la personnalité de ce dernier. Ce qui ne l’a pas sauvé : arrêté en 1938, il meurt quelques mois après, malade et fou, dans un camp de transit à Vladivostok. La poésie de Mandelstam, n’étant pas formellement interdite en URSS, restait tout de même quasiment inconnue en dehors des cercles universitaires et littéraires.].
Je dois donc fumer comme eux leВ font
Sur les portraits accrochГ©s
Au-dessus de mon bureau.

De retour dans ma chambre,
Je m’assis sur le rebord de la fenêtre,
Allumai la cigarette,
Exhalai un nuage de fumГ©e.
J’étais un fumeur débutant
Et ma tГЄte se mit Г  tourner.

Quoique, ce vertige Г©tait dГ» moins
À l’effet du tabac corsé
Qu’à mon incroyable réussite poétique :
Sous la lampe de bureau
Il y avait une feuille de papier lignГ©
Couverte d’écriture au crayon
– un miracle !

Un papillon nocturne tournoyait sous la lampe.
Je l’éteignis et je m’assis dans le noir
Sur le rebord de la fenГЄtre ouverte
DerriГЁre laquelle bruissaient les arbres.

В В В В 28В septembreВ 2019








omelette bougie suinter Г©cheveau


Nous Г©tions aux Г‰tats-Unis,
Dans une petite ville prГЁs de Boston,
En visite chez mon copain deВ fac
Qui vivait seul dans sa maison.

Il Г©tait mariГ© et avait une fille.
Mais sa femme est partie juste aprГЁs le dГ®ner.
Elle avait l’air étrangement heureuse,

Alors que mon ami paraissait plutГґt triste.
Il racontait que sa fille était reçue
À l’une des universités que compte Boston.

Nous dormГ®mes dans sa chambre
DГ©corГ©e avec des images aux couleurs pastel.
Une bougie sculptГ©e Г  moitiГ© consumГ©e
Était perchée sur l’étagère.

Le lendemain matin, je me réveillai avant tous —
L’habitude de l’heure de Paris
Se faisait encore sentir.

Je descendis dans la cuisine
Et commençai à chercher
De quoi prГ©parer le petit dГ©jeuner.

Dans le rГ©frigГ©rateur, je ne trouvaiВ que
Du lait et desВ Е“ufs
Et je décidai d’en faire une omelette.

Nous Г©tions en novembre.
Je sortis sur le seuil de la maison.
Un Г©cureuil sautillait dans le jardin,

Un écheveau d’oies passait dans le ciel.
La matinГ©e Г©tait brumeuse.
Les couleurs vives de l’automne américain.

Mon omelette fut un succГЁsВ :
Tendre, onctueuse et lГ©gГЁre.

Entre-temps, mon ami prГ©para du cafГ©.
La boisson noire suintait Г  travers le filtre
Remplissant la cuisine d’un arôme agréable et amer.

Pendant le petit dГ©jeuner
Nous discutâmes, de façon animée et amicale,
De tout et de rien : travail, vacances, Г©tudes.

Nous ne nous Г©tions pas vus depuis des annГ©es ;
J’attendais qu’il dît enfin
Quelque chose de trГЁs important pour lui et pourВ moi.

Mais cela ne se produisitВ pas.

В В В В 29В septembreВ 2019








lune ailes poussiГЁre voler


Nous avons marchГ© de nuit le long de la route
Au retour d’un site d’excavation :
Ancien temple de la Victoire
Sur l’une des îles grecques.
Qu’avons-nous vu là-bas?
Des débris d’ailes
Qui ont terminГ© leur vol il y aВ longtemps
Et sont devenues poussiГЁre.

La pleine lune s’est levée sur la mer.
Je n’avais jamais vu une lune aussi brillante.
Une pinГЁde nous entourait.
La mer comme un silex
Scintillait sous la lune.

Non !
La lune Г©tait encore plus brillante.
Quand nous avions traversГ© le SinaГЇ
Vers la montagne de Moïse[7 - Montagne de Moïse (en arabe Djébel Moussa, جبل موسى), ou Mont Sinaï – montagne en Égypte au sud de la péninsule du Sinaï où, selon la Bible et le Coran, le prophète Moïse reçut les Tables de la Loi. Aujourd’hui, elle constitue un lieu de pèlerinage, surtout pour les chrétiens orthodoxes.] à travers le désert,
ГЂ travers un paysage lunaire.
Le silex du dГ©sert Г©tincelait,
Les bГ©douins caracolaient sur les chameaux.
Leurs silhouettes Г©lancГ©es
Se dГ©marquaient sur le fond de la lune.
L’ascension avait duré environ deux heures
Et l’aube d’une nouvelle vie
S’était levée
Encore deux heures plus tard.

В В В В 1В octobreВ 2019








extase imaginer enfant nuage


Je chattais sur mon smartphone avec monВ fils
Qui me demanda de lui filer un peu d’argent.
Il Г©tait sombre comme un nuage.
Il disait qu’il lui fallait
Aller voir deux ou trois mГ©decins.

В« Quel genre de mГ©decin? demandai-je. В»

À contrecœur il avoua qu’il s’agissait
D’un gastro-entérologue et
D’un addictologue.

AhВ bon.

Ce n’est pas facile d’imaginer votre enfant dire
Qu’il a besoin d’un addictologue,
MГЄme si cet enfant frГґle dГ©jГ  la trentaine.

В« Pourquoi un addictologue?
– Pas grand-chose, répondit-il.
– Comment s’appelle ce pas grand-chose?
– Ecstasy. »

C’est donc ça.

HonnГЄtement, je fus plutГґt soulagГ©.
Un euphorisant de discothГЁque,
Sur l’échelle de la nocivité, il est inférieur à l’alcool.
ГЂ petite dose, il peut mГЄme ГЄtre bГ©nГ©fique,
Г‰tait-il Г©crit dans un article sur Internet.

Je fis un virement
Et me plongeai dans les souvenirs
Des pГ©chГ©s de ma propre jeunesse.

Puis, il n’en parla plus.
Deux ou trois fois je lui posai la question
ГЂ ce propos,
Mais il rГ©pondait : tout va bien.
Finalement, j’arrêtai de demander.

Jusqu’au jour où je reçus un appel des urgences.

В В В В 1В octobreВ 2019








Paris oublier ciel rideau


Oublier que Paris
C’est l’humiliation, le chagrin, la honte, le travail éreintant.
Tirer les rideaux,
Fermer les yeux et rГЄverВ :

Paris est une ville
OГ№ le ciel est bleu et haut,
Où l’air est rempli de fine poussière dorée,
Ville que l’on ressent comme un vêtement confortable,
Ville de beautГ© et de silence,
Ville de rivières, de parcs et d’oiseaux,
Ville des livres.

В В В В 2В octobreВ 2019








vêtements quelqu’un rive porte


J’aime les endroits
Où l’on peut marcher sans vêtements.
Une rive dГ©serte
Qui commence
Juste derriГЁre la porte.

Ce pourrait ГЄtre le rivage sablonneux
D’un petit ruisseau
Ou d’une grande rivière
D’un étang dans la forêt
Ou de l’océan Atlantique.

Et si sur un tel rivage
On rencontre quelqu’un
Et on lui parle
Alors cet Г©change
Serait une conversation au paradis.

В В В В 3В octobreВ 2019








froid clГґture nuit longer


Aujourd’hui je ne me souviens plus
Quelle était cette ville —
Kharkov ? Varsovie ?
Ou une autre
MГ©tropole
À l’ouest de la Russie ?

Peut-ГЄtre Vilnius.
Peut-ГЄtre Lvov.

Je me souviens seulement qu’il faisait
Un froid sГ©vГЁre,
Inhabituel pour ces contrГ©es-lГ 
MГЄme en hiver.

C’était en début de soirée,
Mais l’obscurité était déjà complète, noire,
Celle que l’on peut voir en Ukraine et en Pologne.
Je l’explique par une qualité spécifique de l’air
Et le fuseau horaire
OГ№ il fait nuit trГЁsВ tГґt.

Le tram longe la clГґture du jardin de la ville.
Barres de fer massives toutes givrГ©es,
Et derrière la clôture, des rangées d’arbres,
Leurs branches couvertes
De gelГ©e blanche
Dans la lumiГЁre des rГ©verbГЁres.

Il me semble toujours
Que derriГЁre ce souvenir
GlacГ© etВ muet
Doit se cacher une histoire.
Mais je n’arrive pas à en saisir
Ni le dГ©roulement,
Ni les personnages.

В В В В 3В octobreВ 2019








gГ©ographie totalement chanter trГ©sor


Une chanson fut diffusГ©e Г  la radio
Dans une langue qui m’était totalement inconnue.

Les mots de la chanson ne ressemblaient Г  rien.
On pouvait distinguer seulement
Des noms gГ©ographiquesВ :
Angleterre, AmГ©rique,
Australie, Afrique,
Et chaque couplet se concluait
Par un triste refrainВ :
Addis Abyaba,
Addis Abyaba…

La voix du chanteur Г©tait cordiale et sincГЁre.
Alors je pus saisir le sens de la chansonВ :
Cet émigré d’Éthiopie
Avait parcouru tous les continents,
Mais il n’en a cure.
Dans le monde entier, il n’a qu’un seul trésor —
LaissГ©e auВ loin
Son Addis-Abeba natale.

В В В В 4В octobreВ 2019








tarder entendre lac foudre


Nous Г©tions au bord duВ lac
Par une nuit d’été.
L’air était lourd, l’orage approchait.
Je devais rentrer sous la tente
Avant qu’il n’éclate,
Mais je tardais.

La veille, j’avais entendu
Quelqu’un en ma présence
Lire à voix haute l’évangile,
Et maintenant je voulais voir de mesВ yeux
La foudre briller
D’un bord à l’autre du ciel.

В В В В 4В octobreВ 2019



aube mots monde sГ©rГ©nitГ©


Un jour, en Bulgarie,
Nous décidâmes d’aller à la mer
Pour observer le lever du soleil.

Mon smartphone l’annonçait à 6h48.
Nous quittâmes l’hôtel à 6h43.
Il n’y avait que trois cents pas à faire jusqu’à la plage.

Sur le chemin, nous n’échangeâmes
Que peu de mots.
Le calme du matin. SГ©rГ©nitГ©.

De ce cГґtГ© de la mer Noire
Le pays du soleil levant
Г‰tait la GГ©orgie.

De lГ , du cГґtГ© de Poti ou de Soukhoumi,
ГЂ la minute indiquГ©e apparut
Le bord du soleil.

Le soleil se leva vite.
Il avait la couleur d’une rose bulgare
Ou du logo de la compagnie aГ©rienne Wizzair.

Un nouveau monde du matin,
Rose et grand,
Se crГ©a dans le ciel.

Pour nous ceВ fut
L’aube d’une nouvelle vie,
Notre premiГЁreВ aube
Dans une existenceВ oГ№
Il y avait plus eu de soirs
Que de matins.

В В В В 5В octobreВ 2019








tissu pastГЁque chez-soi neige


Je ne sais plus dans quel poГЁme
Ou récit que j’ai lu,
Il était question d’une pastèque brisée dans la neige :
Vert et rouge sur blanc.
Le petit garçon l’avait prise
Et l’avait emportée chez lui.

Maintenant cela me revientВ :
C’était une histoire de guerre et de famine.
Des souvenirs de ces temps-lГ 
Ont toujours des couleurs ternes,
Tel un tissu dГ©lavГ©,
Mais dans celui-ci, les couleurs Г©taient Г©tonnamment vives.

В В В В 5В octobreВ 2019



couleurs pas routeВ gris


Lorsque je faisais mes premiersВ pas
Sur la route de laВ vie,
De quelles couleurs le monde Г©tait-il fait?

La premiГЁre couleur Г©tait le blanc.
C’était la couleur du plafond.
La deuxième était elle aussi le blanc —
C’était la couleur de l’hiver.

Je prenais mon jouet prГ©fГ©rГ© : un petit marteau
Et allais en promenade avec ma grand-mГЁre.
Ses cheveux n’étaient pas encore gris.

Je tapais la glace des flaques d’eau gelées
Avec le marteau
Et observais
La glace se couvrir de petites fissures.
Ces fissures ondulГ©es Г©taient Г©galement blanches.

Blanche Г©tait la poudre dentifrice.
Maman,
Jeune et souriante,
Me persuadait de me brosser les dents.

Le rebord de la fenГЄtre Г©tait peint en blanc,
Tout comme les cadres des fenГЄtres sur lesquels
De la neige blanche gisait derriГЁre la vitre.

Le ciel d’hiver était blanc.
Les étoiles d’hiver étaient blanches.
Les manchettes en dentelle de ma sЕ“ur Г©taient blanches.
L’écran de cinéma était blanc,
Tant que la projection
N’avait pas encore commencé.

D’autres couleurs surgiront plus tard
Quand le film commencera pour deВ vrai
Par un beau matin d’été
Dans la cour bariolée de l’immeuble moderne
Devenu ma nouvelle maison.

В В В В 6В octobreВ 2019



enfance graines couvert forГЄt







…







В В В В 6В octobreВ 2019

À la mémoire de Dmitry Serov[8 - Serov, Dmitry (1963 – 2019) est un historien russe connu pour ses travaux sur l’époque de Pierre le Grand.]


Hier, j’ai voulu écrire un poème
ГЂ partir des quatre mots suivantsВ :
Enfance, graines, couvert, forГЄt,
Mais je n’ai pas eu le temps.

On m’a informé hier matin
Que mon ami d’enfance était décédé.
Nous avons passé nos dix années d’école
Assis au mГЄme pupitre.
Il avait un chien —
Un fox-terrier noir et blanc
SurnommГ© Toshka.

J’ai souvent joué avec lui et Toshka
Dans un bocage prГЁs de sa maison.
Je me souviens de ces soirées d’automne
Quand le sol Г©tait couvert de feuillage bruni
Et ici et lГ , il y avait dГ©jГ  du givre.

« Toshka ! Viens ici ! » – appelait mon ami,
Et le chien courait vers lui de toutes ses forces,
En rejetant en arriГЁre avec ses pattes
Les feuilles mortes d’automne.

Des feuilles jaunies sur les arbres,
Des lumiГЁres jaunes aux fenГЄtres des maisons,
De l’air frais, presque glacial.
Soudain, on ressentait la tristesse.

La grande silhouette de monВ ami
Et son maniement un peu maladroit de la laisse,
Sa veste fourrГ©e, son bonnet muni de cache-oreilles,




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notes


Примечания





1


Lyne, Sandford. Writing Poetry from the Inside Out: Finding Your Voice Through the Craft ofВ Poetry. Sourcebooks, Inc., Naperville, Illinois,В 2007




2


Sergueï Essenine (1895 – 1925) – poète russe, chantre de la vie rurale. Sa poésie au lyrisme sublime et aux métaphores osées est largement connue et appréciée même en dehors des milieux littéraires ; elle fait partie des programmes scolaires en Russie. Son destin fut tragique : ayant sombré dans l’alcoolisme et sévèrement critiqué dans la presse, Sergueï Essenine se suicida à l’âge de trente ans.




3


Vassili Choukchine (1929 – 1974) – écrivain, acteur et réalisateur de cinéma russe, originaire d’un petit village en Sibérie occidentale. Outre ses remarquables réalisations cinématographiques, il est connu comme l’auteur de nombreux récits et nouvelles décrivant la vie des paysans sibériens dans les années 1950 et 60, l’exode rural, l’adaptation difficile à l’existence dans une grande ville. Ses œuvres sont imprégnées d’une profonde humanité et présentent un large panneau de personnages et situations. Vassili Choukchine jouit d’un véritable culte en Russie, et plus particulièrement en Sibérie.




4


Boris Eltsine (1931 – 2007) – homme politique russe, dirigeant de la Fédération de Russie de 1990 à 1999. Un des artisans de la dislocation de l’URSS à la fin 1991, perçue comme catastrophe nationale par de larges pans du peuple russe. Eltsine et ses gouvernements successifs faisaient souvent l’objet de haine populaire et de virulentes critiques de l’opposition parlementaire. Les députés du Parti communiste lui avaient notamment intenté un procès en vue de sa destitution, sans succès. Les « années Eltsine» sont restées dans la mémoire collective comme celles d’une paupérisation soudaine et brutale de toutes les classes sociales au profit d’un groupe émergeant d’oligarques et comme celles d’une humiliation sans précédent de la Russie.




5


Vladimir Maïakovski (1893 – 1930) – poète russe résolument avant-gardiste et futuriste à ses débuts, il devient ardent partisan de la révolution socialiste de Lénine. Anti-bourgeois, il critique avec véhémence les vestiges de l’ancien régime dans la mentalité des citoyens, ainsi que la politique des puissances capitalistes. Pourtant, à la fin des années 1920, il vit une crise existentielle qui le conduit au suicide à l’âge de 36 ans. Staline toutefois parle de lui comme du « meilleur poète de l’époque », et ainsi Maïakovski devient pour les générations à venir le poète emblématique de la révolution. Son œuvre est abondamment étudiée à l’école.




6


Ossip Mandelstam (1891 – 1938) – un des poètes russes les plus significatifs du 20


siècle, il fait ses débuts au groupe « acméiste » des poètes pétersbourgeois. Langage poétique recherché, vaste horizon culturel, émotions vives et complexes de ses poèmes font de lui une figure de premier plan. Pourtant, après la révolution d’Octobre 1917, il est de plus en plus marginalisé. Dans les années 1930, ses opinions politiques subissent de brusques métamorphoses. De sa haine viscérale envers Staline, il passe à l’adhésion sans réserve au culte de la personnalité de ce dernier. Ce qui ne l’a pas sauvé : arrêté en 1938, il meurt quelques mois après, malade et fou, dans un camp de transit à Vladivostok. La poésie de Mandelstam, n’étant pas formellement interdite en URSS, restait tout de même quasiment inconnue en dehors des cercles universitaires et littéraires.




7


Montagne de Moïse (en arabe Djébel Moussa, جبل موسى), ou Mont Sinaï – montagne en Égypte au sud de la péninsule du Sinaï où, selon la Bible et le Coran, le prophète Moïse reçut les Tables de la Loi. Aujourd’hui, elle constitue un lieu de pèlerinage, surtout pour les chrétiens orthodoxes.




8


Serov, Dmitry (1963 – 2019) est un historien russe connu pour ses travaux sur l’époque de Pierre le Grand.



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